Le plus vieux métier du monde, dit-on, en partage avec un autre, dit-on aussi, est toujours d’actualité. Plume au service des autres, l’écrivain public écrit pour celui qui ne sait pas, mais pas seulement. Il rédige aussi pour l’étranger qui ne maîtrise pas la langue française, pour celui qui est fâché avec l’orthographe, pour celle qui n’a pas le temps, pas l’envie et qui préfère que le courrier administratif, la lettre de remerciement, celle de réclamation ou le discours de départ à la retraite soient bien tournés.
L’écrivain public rédige aussi des textes de présentation (associations, entreprises, spectacles…) des communiqués de presse, des dossiers divers, des articles, des critiques littéraires… A la lisière de plusieurs autres professions, dont les rédacteurs et les correcteurs, il peut effectuer les mêmes missions, ponctuellement.
Ses domaines d’action vont du social au culturel, en passant par l’administratif et sont souvent induits par le profil de celui qui exerce le métier. Un juriste de formation sera à l’aise dans l’administratif et le judiciaire, en Maison de Justice et du Droit par exemple, alors qu’un littéraire écrivant par ailleurs de la fiction, évoluera sans problème dans les milieux culturels.
Ce métier qui s’avère éminemment utile en temps de crise n’a pourtant pas de statut. Il n’est pas réglementé. Assuré dans de nombreux endroits par des bénévoles, il s’agit pourtant bel et bien d’une profession pour laquelle un diplôme d’État existe.
Celui-ci se prépare à la Sorbonne Nouvelle. Il s’agit de la licence professionnelle « Conseil en écriture professionnelle et privée-écrivain public ». Les cours théoriques sont regroupés sur deux jours (en principe les jeudis et vendredis) et le reste de la semaine est consacré aux stages (400 heures sur l’année). Des conférences et visites sont aussi organisées. Le fait que les cours soient regroupés sur 2 jours facilite les choses, pour les gens de province ne souhaitant pas résider à l’année à Paris. Ils peuvent ainsi choisir de faire leurs stages près de chez eux.
Pour pouvoir faire cette formation, il faut avoir au minimum un bac + 2. En 2012 quand j’ai passé le concours, il fallait constituer un dossier expliquant les motivations et l’intérêt que l’on portait à la formation et au métier d’écrivain public. Quel parcours nous avait amené à vouloir faire ce métier, quelles étaient les compétences que l’on pensait avoir pour y réussir, etc. Une première sélection était opérée à la lecture de ces dossiers. Si l’on était sélectionné, on devait passer une épreuve sur table, un résumé de texte en temps limité, puis, la même journée, un entretien avec un jury de 2 professeurs. Une seconde sélection était effectuée, avec proclamation des étudiants retenus (24 cette année-là, et 6 en liste d’attente, en cas de désistements : il y a eu 4 désistements)
Voici le lien vers la formation :
Quant à mon profil, j’ai fait des études de lettres (maîtrise, actuellement Master 1) et j’ai un diplôme de bibliothécaire (j’ai exercé 20 ans en bibliothèque municipale). Je suis aussi auteur de nouvelles, romans pour enfants et pièces de théâtre. J’écris depuis l’enfance, c’est une seconde nature pour moi et le fait d’allier écriture professionnelle, destinée aux
autres et écriture littéraire, était pour moi un excellent compromis. Je peux ainsi écrire dans tous les domaines, ce qui était mon objectif de départ. Me diversifier le plus possible, ne pas me spécialiser dans un seul domaine était mon but. Certains se destinent exclusivement à l’écriture « sociale ». C’est un choix personnel mais la formation de la Sorbonne, parce qu’elle est large, permet de pouvoir aborder tous les domaines et d’adapter son projet professionnel au mieux.
Dans le secteur social, il y a possibilité de travailler dans les mairies, les maisons de justice et du droit (MJD) les associations… Ce sont des permanences où le public vient gratuitement pour que l’écrivain public rédige ses courriers, permanences rémunérées par l’administration qui la crée. Mais il s’agit rarement de temps plein, il faut donc cumuler plusieurs permanences dans plusieurs villes ou associations pour pouvoir avoir un temps plein. En dehors du social, on peut rédiger des écrits pour tout type de structure, il suffit de décrocher des contrats ! La plupart des écrivains publics sont en libéral et proposent leurs services un peu partout.
Cela demande pas mal de pugnacité. Il faut également savoir « se vendre ».
Personnellement, je me suis constituée en auto-entreprise en octobre dernier, j’ai créé mon site et ma page facebook, je distribue des cartes de visite, j’en parle autour de moi… J’ai eu quelques contrats de particuliers, pour des montages de dossiers, des courriers et des corrections de mémoires. J’ai aussi depuis peu, l’écriture d’une biographie. Il ne faut pas se laisser démoraliser par les refus, ce qui arrive, hélas ! Si vous avez plusieurs « casquettes » et plusieurs cordes à votre arc, c’est mieux, parce que cela permet de multiplier les contrats en intervenant dans des domaines divers. J’aimerais, pour ma part, me diversifier au maximum.